Page 7 - Après Marseilleveyre…
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Prépa littéraire
Je suis en deuxième année d'études en classe préparatoire de lettres (khâgne AL) à Thiers, Marseille. J'ai
eu mon bac en juin 2022 en ayant pour spécialités HLP et LLCE anglais (j'avais abandonné Cinéma-
audiovisuel à la fin de la première).
J'ai intégré ce cursus après le bac mais j'avais hésité avec la fac de lettres parce que j'avais peur du
"mythe de la prépa" dont tout le monde me parlait, à savoir que c'était un lieu de torture qui rendait les
étudiants complètement fous. Je suis finalement allée en prépa parce que mon professeur de philosophie
de terminale m'a rassurée sur ce que ces études sont réellement et j'ai choisi de lui faire confiance. J'ai
bien fait !
Les cours sont au lycée Thiers dans des bâtiments réservés aux préparationnaires. Cette année, nous
sommes 45 dans la classe, ce qui est un chiffre commun. Nous ne sommes pas dans des amphi mais dans
des classes, comme au lycée. En AL, nous étudions le français, la philosophie, l'histoire, la géographie, les
langues vivantes (anglais, espagnol, italien, ou allemand) et les langues anciennes (latin/grec). Les élèves
peuvent aussi étudier le théâtre avec des cours de théorie et de pratique. En deuxième année, une
"spécialité" s'ajoute et correspond à une matière du tronc commun qui va être approfondie selon les
attentes de l'épreuve de l'ENS, à laquelle nous sommes préparés. J'ai choisi de me spécialiser en Lettres
Modernes, c'est-à-dire l'étude d'oeuvres françaises, et la méthode travaillée est celle du commentaire
composé.
L'emploi du temps officiel est aussi chargé qu'au lycée, mais c'est sans compter les khôlles
(interrogations orales en plus des cours), les DS de 6 heures certains samedis matins, et les 2 concours
blancs par an d'un peu plus d'une semaine chacun. Il y a une très grosse charge de travail : ficher, lire
(énormément), faire du petit grec ou du petit latin, approfondir les cours chez soi. Le travail personnel est
indispensable (tel que le week-end n'est pas vraiment un moment de détente).
Paradoxalement, je suis très heureuse d'être en prépa. Ce sont des études qui demandent énormément
d'énergie, de temps et de discipline. Il y a souvent des moments de doute voire de découragement, mais
l'apport intellectuel phénoménal en vaut le coup. Chaque cours est comme une révélation et je suis très
admirative du savoir de mes professeurs. Aussi, la prépa soude les gens et j'y ai fait les plus belles
rencontres. D'autre part, la vie sociale devient quasiment inexistante et les bons résultats ne sont pas
toujours au rendez-vous. L'exigence de la prépa impose aux étudiants d'être toujours au maximum de leurs
capacités, ce qui demande une grande force mentale. Comme mes professeurs le répètent souvent : la
prépa c'est un marathon, il faut travailler son endurance. Cependant, tout le monde ne vise pas l'ENS
(Ecole Normale Supérieure) et la prépa peut très bien convenir à un élève désireux de continuer ses études
après le bac dans un cadre pluridisciplinaire, au lieu de se spécialiser directement à la fac.
J'ai surtout été surprise par la faible compétition entre les élèves. Bien sûr, il y en a toujours qui sont là
pour être les premiers, mais la plupart de mes camarades sont humbles et discrets. Chacun fait de son
mieux et demande de l'aide quand nécessaire, et cette aide est toujours fournie que ce soit par les élèves
ou par les professeurs.
Etant en 2ème année, le concours d'entrée à l'ENS m'attend en avril (c'est une école presque impossible à
avoir donc je me donne à fond). Je souhaiterais y aller pour ensuite faire de la recherche en littérature mais
avant il me faudra passer l'agrégation et avoir mon doctorat. J'hésite aussi à faire un Master en fac pour
travailler dans l'édition de livres.
Maxine
A.A.E.M.V
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